Le mystère Jérome Bosch – Peter Dempf

J’aime les livres qui parlent d’art. Du coup, j’ai difficilement pu résister à un polar qui a pour base le fameur tryptique de Jérome Bosch. Surtout quand je l’avais dans ma pile. Depuis sa sortie. Of course. Sinon c’est pas drôle.

De quoi ça parle

Le Prado, 2013.

Un moine se précipite vers le célèbre Jardin des Délices de Bosch et lui lance du vitriol. Lors de la restauration, les artistes réalisent que sous la peinture, il y a peut-être des inscriptions mystérieuses, qui pourraient nous en apprendre davantage sur le mystère qu’est le peintre et le tableau.

Quand la psychiatre en charge du prêtre demande au restaurateur de lui parler car il refuse de s’ouvrir à elle, il va justifier son action par la découverte d’un manuscrit ancien. Ils vont être entraînés sur les traces de Petronius Oris, dans un récit assez incroyable qui vont les ramener à la création du tableau en 1511, dans un petit village pris d’assaut par les inquisiteurs.

Mon avis

J’écris ce billet une petite semaine après ma lecture et clairement, mon avis final est « bien mais sans plus ». C’est un bon divertissement, les recherches dans le tableau de Bosch à mesure qu’il est décrit dans l’histoire est fascinante (j’avais l’impression de jouer à Où est Charlie… j’adore!). Nous avons ici un typique passé-présent avec Keie le restaurateur, la psychiatre, un collègue et le moine-vandale-raconteur en 2013 ainsi que Petronius Oris, disciple de Bosch, à Bois-le-Duc, au 16e siècle. Pour ma part, j’aimé le passé, avec le village où règne presque une guerre entre l’inquisiteur et l’illustre compagnie de Notre-Dame dont fait partie Jérôme Bosch. La part de vérité là-dedans? J’en doute quand même vu que nous partons dans l’ésotérique et les sociétés secrètes mais j’avoue que je m’en fiche un peu… quand on parle de peintres, de tableaux et de suppositions de folie, ça me plaît. Tout en sachant que nous sommes dans un roman.

J’ai trouvé l’atmosphère du 16e très bien faite, avec l’impact de la religion, les magouilles et les complots. Bosch, peintre au sujet duquel nous avons somme toute assez peu d’information, est décrit comme un être mystique, que nous rencontrons sous le regard d’un jeune peintre qui souhaite faire ses classes. Le jeune Petronius Oris sera pris dans quelque chose de plus grand que lui, tisser de liens et surtout, son existence va être menacée. C’est plein de mystères et d’aventures et il y a le célèbre triptyque comme fil rouge. Bref, cette partie n’est pas mal du tout, même si l’un des mystères n’est pas si mystérieux que ça.

J’ai moins adhéré la partie dans le présent, avec notre charmant moine mysogine. Les personnages m’ont moins intéressée et j’ai aussi trouvé le lien entre les deux époques assez artificiel. De plus, il y a un certain thème féministe dans le roman. On en parle. Beaucoup. Sauf que dans l’histoire, les femmes sont très secondaires et souvent définies par leur position par rapport à un homme. Elles se veulent libérées mais bon… dans le livre, ça ne paraît pas tant que ça. Ceci dit, je ne suis pas capable de déterminer la date de publication en VO (je vois 1999, 2007, 2013… bref, je ne sais pas) et si c’est plus vieux… ceci explique peut-être cela.

Bref, pas mal, intéressant si vous aimez la peinture dans les livres, mais pas révolutionnaire non plus.

Les naufragés du Wager – David Grann

Je ne sais pas si j’aurais lu ce récit romancé d’une histoire vraie si Lisa ne l’avais pas mis dans ses favoris. Tellement que je ne l’avais même pas mis dans ma présélection. Mais il m’a sauté dans les mains. Carrément. Alors je l’ai lu et j’ai fort bien fait.

De quoi ça parle

Le 14 mai 1741, le HSM Wager a fait naufrage au large du Chili. Cet ouvrage nous raconte l’histoire de cette mission qui les a amenés à tenter le passage du Cap Horn, à la poursuite de l’armada espagnole. Un naufrage, c’est déjà certes dramatique, mais celui-ci est devenu célèbre en raison des survivants qui en sont revenus suite à une mutinerie. Mais a-t-elle réellement eu lieu?

Mon avis

Je ne suis pas toujours fan de la non fiction. Mais cet ouvrage se lit comme un roman, plein de rebondissements et d’aventures, qui réussit à nous tenir en haleine, même en observant la situation à trois siècles d’écart. Je SAVAIS comment ça allait finir mais j’étais au bout de ma chaise. Qui allait s’en sortir? Par quoi allaient-ils passer? Et avec qui allaient-ils s’allier? Nous assistons à des revirement d’allégeance, à des tempêtes destructrices et à des vagues meurtrières. Bref, c’est passionnant.

C’est que l’histoire semble simple. Trente homme échoués sur une île pendant l’hiver de Patagonie. Certains vont revenir, d’autres non. Et surtout, ils ne reviendront pas tous en même temps.

Nous avons droit ici à une narration précise, très documentée, enlevante. La première arrivée triomphale des naufragés a été de courte durée. En effet, un peu plus tard, un deuxième retour surprise a assombri l’histoire : ils clament que les permiers se sont mutinés. Où est la vérité? Quelle est la part d’interprétation, de mensonges? Bref, nous avons tout au long du récit une bonne idée de ce qui s’est passé entre les marins et en plus, j’ai trouvé le moyen de m’attacher à de nombreux personnages. Ce n’est pas peu dire.

Bref, un récit intelligent, à la fois romanesque et factuel, qui réussit également à nous transporter dans les bateaux qui craquaient, dans ce monde colonialiste, raciste et xénophobe, où les Blancs se sentaient terriblement supérieurs et se sentaient dans leur bon droit d’exploiter gens et richesses. La logique derrière l’expédition, les buts visés nous semblent tellement, tellement illogiques. Un excellent récit.

Congé – Cassie Bérard

La couverture (beautiful) et la mention de Stephen King sur la 4e de couverture m’a décidée à prendre ce roman. Comme j’aime bien la ligne éditoriale de la mèche en plus… go for it!

De quoi ça parle

Clémence habite Mystic et est policière. Elle est en congé mais est loin de se reposer. Son homme est parti sans explication et a laissé derrière lui un étrange manuscrit au sujet d’un cold case datant de près d’une centaine d’année. Et Clémence veut comprendre. Elle va donc partir sur les trace de son ancien amant à Portland, contrée de Stephen King.

Mon avis

« Ici, les gens croient aux sorcières et aux fantômes ». Ici, c’est Mystic, Cantons-de-l’Est, un endroit qui préfère croire au surnaturel plutôt qu’à la violence humaine. C’est l’endroit où habite Clémence, complètement perdue et qui n’occupe absolument pas son temps à réorganiser la ferme dont elle vient d’hériter.

Mais quel texte déroutant!

On sait d’où on part mais il est difficile de savoir où on va car l’autrice joue avec les genres, la narration et les idées préconçues des lecteurs pour nous balader dans son récit, en nous offrant des flashes, des pièces de casse-tête qu’il n’est pas toujours simples d’emboîter. D’ailleurs, s’emboîtent-elles vraiment?

À la croisée des genres, il faut s’attendre à tout. Réalisme ou surréalisme? Roman psychologique, intimiste, policier ou horrifique? Je ne vous en dirai rien pour ne rien gâcher mais c’est un roman qui joue son lecteur. Qui nous raconte cette histoire? Pourquoi Clémence est-elle partie et que cherche-t-elle?

Roman sur les espoirs déçus, le deuil et la recherche de soi, sur l’aveuglement volontaire. Clémence sent planer une ombre derrière elle alors qu’elle part à la recherche de son amant, wannabe Stephen King, et que ses motivations deviennent de plus en plus floues. J’ai beaucoup aimé les changements de perspectives et l’évolution de notre vision en tant que lecteur à la lecture de ce texte qui nous emmène ailleurs. Je me suis laissée porter par les mots de l’autrice et toute l’expérience de lecture m’a beaucoup plu même si nous restons un peu au milieu d’un souffle à la fin du roman.

À tenter si vous avez envie d’être déboussolés!

Gardez l’oeil ouvert – 1 – Victoria Charlton

J’avoue que c’était une tentative risquée pour moi, ce livre. Je n’ai pas tant écouté son podcast mais je l’ai commencé sur la route et j’avais besoin de quelque chose qui ne me demande pas toute ma concentration. C’était parfait? Ok, non… pas tant.

De quoi ça parle

Victoria Charlton est la queen du true crime sur Youtube et en podcast. Elle se passionne pour les mystères, les cold cases et les crimes non résolus. Ici, elle nous raconte 15 disparitions étranges et non-expliquées. Et je vous vends le punch (bon, ok, pas tant, c’est dans le titre), nous n’aurons pas la réponse. Soyez en avertis!

Mon avis

Je pense que mon avis est l’histoire d’une non-rencontre. Je sais que ce type de contenu est hyper populaire, Victoria Charlton a plus de 700K abonnés sur Youtube et des millions de vues. Donc ça plait et ces histoires trouvent leur public. Sauf que, visiblement, ce n’est pas moi.

Tout d’abord, l’audio n’a pas passé, ce qui m’a un peu étonnée. La narration est remplie de pauses… étranges. Souvent au milieu des phrases, ça a enlevé beaucoup de fluidité aux récits. Et je ne vous parle JAMAIS de la narration. Il faut donc que ça m’ait dérangée. Je suis donc passée au papier. Pas mieux. La structure est très orale, avec parfois des accroches parlées dont je me serais passée. Les phrases sont très simples, trop simples, et elles m’ont parfois fait sortir de ces histoires qui auraient dû me garder davantage accrochée.

Les histoires sont mystérieuses à souhait mais une seule m’a réellement frappée, celle dont j’avais déjà entendu parler dans 2666 de Bolano, roman qui m’avait bluffée, celle des femmes de Ciudad Juarez, qui vient me chercher. J’ai aussi apprécié celle qui parle d’une femme qui n’était pas la « parfaite victime » et les réflexions sous jacentes. De plus, Charlton est très respectueuse des victimes et de leurs familles. Toutefois, j’ai presque déjà tout oublié et je dois avouer que je préfère avoir quand même un semblant de réponse aux intrigues que je lis. Pas pour moi, comme je le mentionnais plus haut.

Bref, je ne crois pas renouveler l’expérience et le style d’écriture et les finales toutes pareilles ne m’ont pas plu. À vous de voir.

Du thé pour les fantômes – Chris Vuklisevic

Si je vois le mot « thé » dans un titre, je ne résiste pas. Et quand le dit titre se retrouve dans plusieurs listes de favoris 2023, j’hésite encore moins! Ça vous surprend?

De quoi ça parle

Félicité a un salon de thé très particulier. C’est qu’avec ses étrangethés, elle peut faire passer les fantômes dans l’au-delà. Félicité a une soeur, Agonie, qui est sorcière, et qu’elle n’a pas vue depuis 30 ans. Sauf qu’après un événement qui bouleverse Félicité, elle va se décider et contacter sa soeur à l’aide de ce thé magique… et le passer va ressurgir.

Mon avis

Je croyais avoir affaire à un roman YA tout bête… mais ma foi PAS DU TOUT! J’aurais du mal à catégoriser ce roman qui semble parfois jeunesse, parfois adulte, mais qui nous amène dans l’arrière pays de Nice dans une amosphère à la fois nostalgique et merveilleuse sans que personne ne se pose trop de questions. Réalisme magique, quoi. Ou du moins, ça s’en rapproche.

Tout d’abord, nous avons une plume poétique, belle, qui nous transporte tout de suite dans un monde qui est autre, où tout peut arriver. Pourtant, après un début tout en douceur, rempli de fantômes capricieux et de tasses de thé, on réalise que derrière toute cette cosiness se cachent des histoires lourdes d’injustices et de violences. C’est que si les deux soeurs ne se parlent plus, ce n’est pas pour rien. Elles sont toutes deux différentes, ont des dons différents… dont certains sont plus faciles à aimer que d’autres.

Bref, on ne les aimait pas également. Leur enfance dans un petit village isolé rempli de mystères et de légendes n’a pas été simple et elles vont partir à la recherche de leur passé, tenter de comprendre qui était leur mère, pourquoi elle agissait comme elle l’a fait. Et ce périple va les faire voyager dans le temps, de leur vallée aus déserts d’Espagne. C’est à coups d’actes manqués, de crasses mutuelles et d’insultes voilées qu’elle vont se redécouvrir et faire la paix avec leur passif et se pardonner.

Bref, un univers de thés fabuleux, de personnages qui sont multiples, une vraie histoire de sororité, de la poésie et un très beau parcours. Certes, on pourrait reprocher quelques facilités narratives mais j’ai craqué pour le personnage d’Agonie et ses fleurs carnivores. Donc je recommande.

Rétro Love – Julie Rivard

Ok, premier aveu. Je n’étais pas du tout la cliente-type pour ce roman. J’avais même refusé la première offre de service presse. Par contre, après avoir vu des retours de FOLIE sur Instagram, je me suis dit que je manquais probablement quelque chose. J’ai donc tenté le coup, surtout que le thème principal en est un que j’aime bien.

De quoi ça parle

Élie habite Chicago. Elle a une « grosse job » où elle excelle et revient dans son Limoilou natal pour la baptême de son neveu. Mais son train sera frappé par un éclair pendant un orage d’hiver et elle va se réveiller toujours à Limoilou, mais clairement pas dans le Limoilou qu’elle connaît. Ici, les voitures sont vintage et les jeunes sont coiffés comme dans Grease. Complètement déboussolée, elle va devoir se faire une place et certaines rencontres vont la bouleverser.

Mon avis

Je vousu avoue, j’ai eu peur. Mais vraiment. J’ai failli abandonner le roman après 50 pages car je n’adhérais pas du tout, mais alors pas du tout au style. Je sortais d’un roman très littéraire et ici, on était totalement dans autre chose. Phrases très simples, orales et surtout, surtout, beaucoup de points d’exclamation (mon pet peeve personnel alors que j’en mets moi-même beaucoup trop dans mes chroniques écrites). En plus, toutes les références sont expliquées, ce qui est une autre pratique qui ne me plait pas particulièrement. Du coup, j’ai refermé le livre, je me suis endormie… et je me suis dit que je verrais le lendemain.

Imaginez-vous ma surprise quand le lendemain, j’ai repris le livre et que je l’ai refermé, terminé, deux heures plus tard en me disant qu’en fait, j’avais passé un bon moment! Oui, un point d’exclamation. Je sais.

C’est donc une chouette comédie romantique qui nous fait rencontrer Elie, complètement déboussolée alors qu’elle n’a plus aucun repère. Non mais une vie sans téléphone, je ne pense pas que j’y survivrais! Et sérieusement, elle est vraiment dans le trouble. Pas d’argent, pas d’amis, elle doit avant tout survivre, ne pas dormir dans la rue et ne pas mourir de faim. C’est déjà tout un programme. Of course, elle va rencontrer des hommes (deux, en fait), avec qui elle va tisser des relations, qui vont la bouleverser. Que va-t-elle faire? Partir ou rester? Et d’ailleurs, a-t-elle le choix?

Pour apprécier ce roman, il ne faut pas se poser de questions. On part d’un principe fantastique (SF plutôt) mais même dans cette dynamique, il faut juste… accepter. Une fois le tout intégré, je me suis laissée emportée par le Limoilou des années 60 et cet aspect est vraiment très cool. Je suis née dans les années 70 et plusieurs des références me ramenaient aussi dans mes souvenirs d’enfance. Les incompréhensions donnent des situations assez comiques et j’ai adoré l’amitié entre Élie et Lucille, qui se bâtit avec le temps. J’ai aussi bien aimé les deux intérêts amoureux, l’un plus que l’autre, of course, et bref, ça a bien passé. Un agréable divertissement.

J’aurais peut-être aimé en savoir un peu plus vers la fin, côtoyer davantage Elie après un certain événement mais en gros, je n’aurais jamais cru avoir un tel avis après les 60 premières pages. Pas mal du tout!

Le Colère et l’Envie – Alice Renard

C’est parce qu’on m’en a vanté la plume que j’ai choisi de lire ce roman. Et c’est parce qu’on m’avait prévenue que c’était à la limite du réalisme magique que je l’ai aimé.

De quoi ça parle

Depuis toujours, Isor laisse ses parents désemparés. Elle est différente, mystérieuse, ses comportements sont souvent incompréhensibles, entre crises, réactions démesurées et moments de grâce.

Près de chez elle, Lucien. Septuagénaire reclus qui va un jour s’en occuper, le temps de la visite d’un ouvrier. Ces deux-là vont se trouver… et tout va changer.

Mon avis

Quand je lis des romans traitant de ces thèmes, j’ai du mal à mettre de côté mes années à connaître des jeunes qu’on dit « différents », des jeunes neuroatypiques, des personnes qui voient le monde d’une façon différente de la mienne. J’ai vu de belles histoires, des évolutions inespérées. Peut-être toutes ces années m’influencent-elles davantage que je ne l’aurais cru. Lucky me, on m’avait avisée que ce n’était pas nécessairement réaliste en fin de récit. Le sachant, j’ai pu me concentrer sur le côté beau et lumineux du parcours d’Isor et apprécier la plume de l’autrice. Car il est presque étonnant de réaliser qu’Alice Renard n’avait que 21 ans lors de la publication de ce roman tant il y a de justesse dans les réflexions.

J’ai adoré la première partie, où nous pouvons rencontrer chacun des deux parents séparémenet, alors que généralement, nous avons tendance à les voir comme un tout. Isor peut être une enfant solaire par moments mais elle est surtout déconcertante et imprévisible. Elle ne parle pas, répond très peu aux consignes, a des intérêts restreints et des particularités sensorielles qui rendent le quotidien difficile. Les parents ont vu médecins, psychiatres, orthophonistes et psychologues. Personne ne semble les comprendre et Isor n’entre clairement pas dans les cases ni du DSM ni du monde médical. Ils ont donc tourné le dos au système médical et au système scolaire et ont construit un cocon pour eux trois où personne d’autre n’a de place. Tout est organisé autour d’Isor. Et les pensées des parents… c’est tellement juste, ça ressemble tellement à ce que j’ai parfois entendu… Il y a tellement d’ambivalence, tellement de sentiments difficiles à avouer mais qui sonnent vrais. Cette partie est tout bonnement géniale.

J’ai moins accroché à Lucien, du moins par au début. On comprend davantage son attitude vers la fin du roman, quand on comprend son histoire. Entre Isor et Lucien, c’est l’affection immédiate. Ils s’acceptent comme ils sont sans poser de question, avec juste de l’ouverture et de l’amour. Certes, le discours de Lucien surprend un peu au départ mais j’ai choisi de le voir comme l’amour d’un grand-père.

Dans ce roman, l’amour est parfois maladroit, parfois étouffant, parfois teinté de culpabilité ou même de colère. Mais il existe et c’est bien. Et je relirai clairement l’autrice.

Toute la couleur du monde – CS Richardson

Je résiste rarement aux publications d’Alto, qui est l’une de mes maisons d’édition préférées. Et ici, on me parlait d’art, de couleurs, de deuil… comment vouliez-vous que je résiste à ça? Et on en parle de cette fantabuleuse couverture? Bref, j’ai refermé le roman avec la phrase suivante : « j’ai donc ben aimé ça »!

De quoi ça parle

C’est l’histoire d’un homme dont le père est revenu de la première guerre mondiale avec un seul bras. Un homme qui a aimé. Un homme qui a perdu. Il aime copier les grand maîtres et est fasciné par l’art et son histoire.

Et c’est à travers les couleurs et l’art que nous allons découvrir des moments de son existence.

Mon avis

Allez, je vais sortir les grands mots. Je pense que ce roman est ma lecture préférée de 2024 à date. Et je voudrais que TOUT LE MONDE le lise.

Il faut dire que c’est totalement dans ma palette. Des vignettes, des moments de vie fragmentés alternés avec d’autres où l’auteur nous parle d’arts, de couleurs et de leur histoire. Ces pages éclairent différemment le décit et il y a des liens parfois ténus, des fulgurances aussi. Bref, j’ai adoré ce récit par petites touches qui nous raconte un homme qui a aimé, qui a souffert et qui se retrouve perdu dans les souvenirs qu’il n’ose pas affronter. Les fils se croisent et s’éloignent et en plus de nous permettre de jeter un autre regard sur la vie d’Henry, ils nous font fouiller dans les méandres d’Internet pour découvrir oeuvres et artistes, parfois connus, parfois non.

Nous avons une plume très poétiques dans les passages au « tu » où on nous parle du personnage principal et plus factuelle dans les passages sur l’art. Malgré tout, l’ensemble est très évocateur et on réussit à ressentir la profonde angoisse du personnage qui associe une couleur ou une oeuvre à un moment ou à un autre de sa vie. Ça parle de deuil, de trauma, d’amour , de culpabilité et de quête de rédemption, on nous balade à travers l’espace et le temps… j’ai adoré. Peut-on se pardonner? Et si l’éclairage de l’art était la solution?

Je recommande si vous aimez les récits plus qui nous offrent des flashes de vie, un peu à la manière d’Eric Plamondon dans sa trilogie 1984. Mais non, en fait. Je recommande à tout le monde!

Tous les membres de ma famille ont déjà tué quelqu’un – Benjamin Stevenson

Dès que j’ai vu sortir ce titre en anglais, j’ai su qu’il fallait que je le lise. Avec ce titre et la mention de « roman à la Agatha Christie », impossible résister. En plus, quand je l’ai vu sur la liste de Kayla de Books and Lala, je me suis dit que c’était un signe!

De quoi ça parle

Le titre dit tout. Tous les membres de la famille d’Ernest Cunnigham ont déjà tué quelqu’un. Quand la tante Katherine réunit tout le monde dans un hôtel de montagne pour célébrer la sortie de prison du frère d’Ernest (meurtre, of course) et qu’un inconnu va être trouvé mort, c’est, bien entendu, inquiétant. Et Ernest, auteur de guides « how to » pour les auteurs de romans policiers, décide de comprendre de ce qui se passe. Parce que – je ne l’ai pas encore dit – c’est un peu sa faute si son frère est allé en prison.

Mon avis

Après quelques pages, je me doutais que j’aimerais ce roman. Et je le dis d’emblée, même si ce n’est pas une intrigue de folie, sérieusement, c’est un excellent divertissement. J’ai certes eu un petit moment de flottement au milieu du roman mais la narration, la narration! J’adore quand le narrateur brise le quatrième mur avec tout ce côté « méta », où il discute des codes des romans policiers, surtout ceux du « golden age ». Ne serait-ce que pour ça, je lirai le tome 2… car je viens de réalise qu’il y a un tome 2!

Nous sommes donc avec une famille complètement over the top. Le narrateur n’a pas parlé à sa mère depuis 3 ans, ayant témoigné contre son frère, sa tante trippe sur les tableaux Excel (je l’aime déjà), elle a un mari ennuyant comme la pluie, il y a l’ex de son frère, sa demi-soeur… bref, n’importe qui aurait pu faire n’importe quoi!

Entendons-nous, il y a beaucoup d’indices, beaucoup de mini-événements, de points à relier. Il y a des mystères dans le présent, dans le passé… bref, totalement dans le genre des romans d’Agatha Christie, où on peut deviner « qui » et une partie du pourquoi… mais clairement pas tout tellement il y a squelettes dans le placard! Et pas que dans le placard, d’ailleurs.

Une histoire pleine de rebondissements (peut-être un peu trop… disons qu’on peut s’y perdre) qui pourra plaire à ceux qui aiment l’humour du narrateur… autrement, ça peut être difficile! Avec moi, ça l’a totalement fait et j’ai passé un très bon moment.

Le livre des Radieux – Les archives de Roshar #2 – Brandon Sanderson

Des fois, je traîne les séries pendant des années. Et des fois, je les dégomme. Dans ce cas, je semble en mode « j’enfile les tomes les uns après les autres ». J’ai donc lu les deux tomes du Livre des adieux en janvier. Et il y a beaucoup de pages. Beaucoup, beaucoup de pages.

De quoi ça parle

Ce tome 2 reprend l’histoire où le premier nous avait laissés. Si nous en sommes là, c’est que nous commençons à comprendre ce qu’est Roshar, son histoire et ses légendes. Nous commençons aussi à voir se rencontrer Kaladin, l’ancien esclave prodigieusement doué avec la lance, Dalinar, oncle du roi ayant des visions lui indiquant d’unifier tous les peuples et Shallan, jeune fille souhaitant devenir érudite possédant un talent assez fou pour le dessin.

Nous sommes donc dans les camps de guerre où les Parshendis continuent à se défendre contre les attaques des Alethis dans leurs courses effrénées pour les coeurs de gemmes. Mais la tempête se lève… et les anciennes légendes semblent revenir hanter le présent, mettant en danger toute la population de Roshar.

Mon avis

Ce livre, ce livre! Sanderson écrit mon genre de fantasy. La table a été mise dans le premier tome, mais le monde nous est présenté petit à petit, chaque tome nous offrant davantage d’information sur l’univers ainsi que ses traditions. Bref, même à la fin de ce livre, il est clair que nous ne savons pas tout. Ni sur Dalinar, ni sur les Radieux, ni sur les Néantifères. Entrer dans leurs pensées nous fait douter de tout, du bien et du mal, et il nous est impossible d’oublier que dans la tête de chacun des personnages, les bons, ce sont EUX!

Bref, tous les personnages – ou presque – sont nuancés. Chacun des personnages principaux a des parts d’ombre, un passé qu’ils n’assument pas. On sent que la catastrophe arrive, qu’elle est inévitable, mais il est difficile de comprendre quelle est cette catastrophe. La finale est une scène de bataille épique, passionnante… C’est que Sanderson a un véritable talent de conteur. Il réussit à nous balader d’une histoire à l’autre sans jamais nous perdre, c’est plein de rebondissements, et l’histoire progresse malgré les interludes qui nous font voir les choses d’une autre manière.

Bref, j’adore.

Difficile de ne parler de ce roman sans spoiler le premier tome… quoique j’aime beaucoup ce que Shallan devient au fil des tomes et je peux quand même vous dire que tous ces personnages vont finir par se réunir et se rencontrer. La guerre entre Dalinar et Sadéas prend de l’ampleur et les efforts de Dalinar pour unifier tout le monde sans trop savoir pourquoi ni comment nous désespèrent par moments. Il est difficile de comprendre les réactions des gens… et j’ai bien hâte de savoir qui il était dans son ancienne vie… je suis pas mal certaine que ça va nous éclairer.

Inutile de dire que je poursuis ma lecture. Le tome 5 sort à l’automne et je compte bien être à jour!